vendredi 23 janvier 2009

La révolte




J'ai choisi depuis bientôt 6 ans, de travailler en centre de planification et d'éducation familiale ( CPEF pour les intimes). L'objectif est simple : proposer un lieu d'accueil et de parole aux jeunes (garçons et filles) où ils peuvent parler sexualité librement, et où leur est offert des consultations médicales. Une contraception, en adéquation avec leurs besoins, et leurs envies, leur est donnée gratuitement, et ce en toute confidentialité. De même, un dépistage des infections sexuellement transmissibles leur est proposé.
Alors cette année encore beaucoup de jeunes filles sont venues dans le but responsable de prendre une contraception putôt que d'avoir une grossesse non désirée. Je ne dis pas que c'est facile : se trouver face à des professionnels que l'on ne connaît pas, sans savoir ce qui va se passer, avec souvent la peur que les parents soient au courant, ou qu'il y ait un examen gynécologique douloureux. Malgré tout, elles viennent et nous livrent leurs histoires, pour qu'on puisse les aider.
Cette année encore, on a vu beaucoup de jeunes filles mineures, pour qui parler sexualité, contraception avec leur parents est impossible, voire même dangereux chez certaines, de culture différente.
Cette année encore, on a vu beaucoup de jeunes femmes majeures, ou à l'aube de leurs 18 ans. Mais pour elles aussi, demander la carte de sécurité sociale à sa maman ou à son papa pour aller consulter un gynécologue est encore trop dur.
Mais cette année, après une réunion avec notre hiérarchie, il apparaît que nous ne pouvons plus donner de contraception aux jeunes filles majeurs, ou leur proposer un suivi gynécologique gratuit. Seules les mineures y ont droit. Parce que selon le docteur que nous avons rencontré, la jeune fille majeure doit pouvoir parler avec ses parents de sa sexualité. Même si elle est de culture différente, même si elle ne se sent pas encore prête à en parler. Alors ça me révolte.
Parce qu'en France, on nous parle à la télé de l'importance du vaccin contre le papillomavirus, responsable des cancers du col de l'utérus, et de la necessité d'avoir des frottis tous les ans, que l'on fait gratuitement au CPEF.
Parce qu'en France on se demande encore pourquoi il y a tant d'Interruption Volontaire de Grossesse malgré une contraception existante fiable. Et malgré ce constat alarmant, que le nombre d'IVG ne baisse pas, voire même augmente, on coupe l'accès à la contraception aux jeunes filles qui n'ont pas leur propre moyen d'aller consulter un gynécologue en cabinet. Mais c'est vrai qu'à 18 ans, tous les problèmes se résolvent : on est adulte, on a le droit de voter, et donc on a le devoir d'expliquer à ses parents que l'on veut une contraception, et d'exiger par là même leur carte vitale. Je sais bien que la plupart des jeunes femmes dans cette situation vont trouver une solution, et arriverons à discuter avec leur parents. Et puis, il ya le préservatif et la pilule du lendemain ( là aussi gratuite pour les mineures, mais payantes pour les majeures !!!) Mais c'est sur le principe que ça me choque. Quand on sait que la durée des études s'allonge pour ces jeunes qui tardent donc à avoir un salaire, que souvent les parents sont eux même en difficulté financière, rongés par le chômage ou les crédits, comment la jeune femme, entre le fromage et le dessert peut-elle aborder sa propre sexualité ? Cela regarde-t-il vraiment les parents, la sexualité de son enfant ?
Mais ce n'est pas si grave.
Car si la jeune fille majeure vient pour une interruption de grossesse, elle n'aura pas besoin de mettre ses parents au courant. Et si elle n' a pas de ressource, une aide médicale d'état sera demandée, et elle n'aura rien à payer.
Alors...ne nous étonnons donc pas de voir le taux d'IVG stagner ou augmenter.
Mais quelles souffrances ( physique et psychique ) ces jeunes femmes auront à endurer !
Pour aller plus loin et signer une pétition aller ici :
Merci !

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