Cette sensation, je la connais bien. Celle qui chatouille le creux du ventre, avec la petite voix qui va avec, dans la tête, murmurant " et pourquoi pas ?".
S'imaginer déjà avec un nouveau tout-petit dans les bras, faisant face au quotidien avec trois autres petits, avides de câlins et d'attention eux aussi...
Se dire qu'on peut y arriver, malgré le travail, les horaires irréguliers et la fatigue accumulée.
Reste à être convaincante... très convaincante, avec le temps qui passe inéluctable, comme une urgence, une sensation de moment venu, qui presse et qui ne reviendra pas. Cette fois, je l'ai senti. C'était le bon moment.
Mon argumentaire était rôdé, la parole aiguisée, finalement, je n'ai pas eu besoin de beaucoup parlementer... " Je suis plus prêt que toi, m'a-t-il dit". Les mots étaient là, l'accord tant attendu, la certitude qu'on peut se lancer dans l'aventure à deux, en commun accord, sans forcer l'autre...
Le rendez-vous était programmé, mais on ne savait pas encore quand l'invité allait s'installer.
Ce bébé là ne se sera pas fait attendre. Sitôt l'obstacle principal levé, il en a profité pour s'y glisser et faire son nid. Je l'avais bien senti, c'était le bon moment là aussi.
Un quatrième enfant : Certains me regardent avec admiration, d'autres avec mépris... J'ai été très touchée par ces gens qui ont su se réjouir avec moi, sans hypocrisie, sans mauvaises pensées ( "comment tu vas y arriver ?"). Ces gens qui comme moi se sont laissés porter par cette belle nouvelle.
J'ai été surprise aussi du nombre de femmes me confiant leur désir d'enfant... un troisième, un quatrième ou un cinquième.... Des regrets de ne pas l'avoir fait, ou un désir qui ne pourra jamais être comblé. Je sais que je ne regretterai jamais de ne pas avoir fait mon petit dernier. Mon homme me l'a permis et la nature oeuvre pour le reste.
Ce sera un bébé de mai, une petite fille du printemps, comme sa maman.