mercredi 20 mai 2009

Amie

Il y a des amies dont on sait qu'elles seront toujours là. Même si les nouvelles sont données plus ou moins régulièrement, même si le temps passe , inéluctablement. Cette amitié est souvent bien enracinée.



Elle a un an de moins que moi. On s'est rencontrée au foyer, le foyer de jeunes filles où j'ai passé trois belles années de ma vie, pendant le lycée. J'avais décidé alors à 15 ans qu'il était temps de quitter le nid, le cocon familial, et j'étais partie au lycée à Lyon. Il fallait un hebergement, j'ai trouvé une deuxième famille dans ce foyer : des religieuses, d'abord, d'autres personnes tout aussi extraordinaires, et puis des amies... La séparation a été difficile. Entre partir sur le papier et se retrouver seule dans sa chambre " bambi", il y a un abysse. Heureusement, la collectivité a du bon. Rapidement, des amitiés se sont liées, bien obligé.


Elle est arrivée un an après moi. Je n'avais pas voulu changer d'étage, et cette fois, j'avais une chambre plus grande. Cette année, j'étais gâtée : 3 violonistes et une violoncellistes pour me bercer. Les chambres avaient une cloison fine comme du papier. Alors les heures de travail de mes amies musiciennes ont rythmé mes devoirs, lectures et leçons.
Elle jouait du violon. Son instrument, c'était son amoureux. Elle y passait du temps, encore et encore. Ses doigts agiles égrenait les notes sans difficulté, l'archet virevoltait dans les airs. Jamais vraiment satisfaite. Toujours à travailler plus.
La dernière année, nous avons eu la chance de partager deux chambres contigües isolées du reste . Au-dessus de l'accueil, douche privative pour nous deux. Une espèce de co-location, au sein même de la collectivité. On le souhaitait , naturellement, et seules les filles sages avaient le droit d'y loger. Les liens se sont ressérés, encore plus. Et le violon tout naturellement là pour m'enchanter. Pour Elle, la collectivité était difficile à vivre. Elle s'échappait de plus en plus, pour retourner dans le cocon familial. Moi, dans la préparation du bac jusqu'au cou, un amoureux déjà trouvé, c'était moins difficile.
Puis j'ai quitté le foyer... Et nos chemins se sont petit à petit séparés. Pourtant elle n'est pas loin. 45 minutes de voiture, au plus. Une amitié un peu mise de côté, happée dans le tourbillon de nos vies. Une halte par moment: c'est tout naturellement à elle que j 'ai pensé pour mon mariage, pour l'inviter, mais aussi qu'elle me fasse le bonheur de jouer de son art, au sein de cette église à l'acoustique extraordinaire. Rien que de la voir placer son violon au creux de son cou, j'ai eu des frissons, et des larmes au bord des yeux. Beau cadeau, vraiment. On s'est un peu retrouvé dernièrement, elle qui connaît aussi maintenant le bonheur d'être maman. Rapprochées par la maternité, les liens se sont de nouveaux resserés. Alors quand elle m'a annoncé qu'elle venait jouer à côté, je n'ai pas resisté. On a même pris le temps de se voir, de papoter. Et j'ai emmené Quentin, pour lui faire entendre du vrai, du beau. Elle était là accompagnée de 6 autres musiciens. Et la voir jouer m'a de nouveau fait pleurer. L'émotion trop grande, des souvenirs qui remontent par bouffée. Ce corps à corps avec l'instrument à la fois tendre et si intense. Après, on a été la féliciter et l'embrasser.
Un cadeau de plus de la vie.

Un moment magique dans la folie de nos vies.
Merci.

jeudi 14 mai 2009

Grimaces



La soirée était gaie. Un soir sans école le lendemain, où on peut prendre le temps de vivre, sans se stresser à regarder la pendule toutes les 5 minutes :timing pressé, maman énervée, pas de temps pour rigoler. Là c'était différent. Je ne sais plus qui a commencé. Se défigurer, tirer sur ses yeux, sa bouche, à en faire baver... Et puis surtout se contempler, ne pas en perdre une miette, et rigoler. Chacun son tour, ou un peu tous à la fois. Se ridiculiser, se moquer, et encore rigoler.Même le plus petit a essayé.Même moi, j'ai participé.






Il faut dire, le ridicule ne tue pas, sinon, cela ferait longtemps que la terre serait dépeuplée.



Rire avec ses enfants, à gorge déployée. Rire à en pleurer. Rire à en avoir mal au ventre. Reprendre son souffle enfin , et puis recommencer. Qu' y a-t-il de meilleur? Des moments gravés, à ne jamais oublier, et surtout dès que l'occasion se présente, à recommencer !